Pierre-Jean Liévaux, un artiste peintre breton à Chengdu
Pierre-Jean Liévaux. Histoire d’un artiste peintre à la palette bien fournie en couleurs
Cette année, France Chine International a présenté les œuvres de trois artistes bretons de Rennes en Chine.
Ils exposent leurs travaux de calligraphie chinoise, de photographie et de peinture à l’école des Beaux-Arts de Chengdu depuis Janvier dernier. Cette exposition se poursuit jusqu’à fin mars 2016.
Zoom sur l’un de ces trois artistes : l’artiste peintre breton Pierre-Jean Liévaux.
PJ Liévaux est artiste peintre mais aussi artiste tout court, un défricheur. En l’entendant, je me suis souvenu du beau film que Martin Scorsese a réalisé en 2011 Hugo Cabret, sur la redécouverte tardive de Jules Méliès. En effet, Pierre-Jean, certes loin d’être inactif, est retranché au fond de la Bretagne après avoir inventé des choses extraordinaires et rencontré des gens non moins étonnants. Comme nous allons le voir.
Il a tout fait. Fils d’ouvrier parisien (et de mère bretonne), il passe deux ans à l’usine, passe une équivalence du bac et s’inscrit à Vincennes, y étudie les arts-plastiques. Il veut être peintre mais s’est aussi très tôt passionné pour les sciences et la technique : à 14 ans (c’est-à-dire dans les années 60) il fabrique des éléments pour faire un synthétiseur de musique… Il est émerveillé par la musique anglaise, les Beatles.
Il veut donc très vite prendre du champ. La Chine l’attire : un peuple de 500 millions, une grande civilisation, un art de vivre qui l’intéresse. Katmandou, très peu pour lui. Il voudrait aller étudier les secrets … des fours à poterie de l’époque Ming ! L’ambassade lui conseille d’écrire. Il se fend donc d’une lettre à Mao Zedong (毛泽东Máozédōng). Qui ne lui répond pas, hélas.
Qu’à cela ne tienne. Il y a aussi l’Afrique. En 1973 il se retrouve à Pointe-Noire, rencontre un Portugais, y présente une première exposition de peinture et une fresque héroïque sur les travailleurs congolais. Etape suivante : Cabinda où il tombe sur des militaires portugais… préparant la révolution des Œillets, conseillés, lui semble-t-il, par Jacques Vergès qui avait disparu mystérieusement à l’époque…
Avec son sac à dos, Pierre-Jean fait le Zaïre, visite l’empire de Bokassa, passe au Gabon, en Angola, remonte à Ouagadougou. Ce qui l’intéresse en fait, ce sont les gens. Il n’a pas de message à faire passer, mais il aime rentrer en relation, susciter ou partager une émotion. Et pour lui l’art, c’est essentiellement un art de vivre.
Tous les moyens sont bons pour cela : Pierre-Jean est éclectique. En 1987, c’est l’arrivée du numérique. Il se débrouille pour financer l’acquisition d’une machine d’un million (de francs sans doute) et pour 500.000 F de logiciels. La Régie Renault achète la même machine en même temps. Lui va travailler dans tous les sens et réalise une image numérique que Thomson utilisera comme carte de vœux. C’est totalement nouveau et ça attire l’attention de Gilles Jacob, Président du Festival de Cannes, qui lui commande la marque du Festival, qui passe avant chaque projection.
Dans la foulée, avec le réalisateur Philippe Druillet, il se lance dans l’Omnimax et réalise le premier film en images de synthèse pour la Géode. Et dans les années 90 il crée le premier studio de trucage numérique en Europe !! Il vient d’ailleurs de recevoir un Américain qui a fait un article pour une revue spécialisée où ce titre lui est reconnu.
Evidemment tout cela l’amène à rencontrer du beau monde. Il travaille même pour un ancien Premier ministre… Ce n’était pas, on l’aura compris, l’objectif de sa vie. Il n’aime pas la publicité, la communication. La notoriété ne l’intéresse pas vraiment. Avec sa femme, il fuit donc en Bretagne, dans un village. Ne serait-il pas le Méliès du numérique ?…
Mais lui continue à créer, à innover. Organiser un concert avec projection d’images numériques, peindre, rencontrer des gens. C’est comme cela, par intermédiaire, que je l’ai connu et lui ai fait réaliser d’étonnants trompe-l’œil grands formats pour une exposition du Centre d’information sur l’urbanisme (CIU).
Alors, quand une amie chinoise nous a fait part de la possibilité de participer à une exposition artistique à Chengdu, j’ai tout de suite pensé à Pierre-Jean Liévaux. Message au cours même d’une réunion et… intérêt immédiat ! L’affaire est bouclée entre Noël et le Jour des Rois. Les conditions sont rapidement négociées. Difficile d’aller sur place mais c’est l’occasion d’une nouvelle expérience : une bouteille à la mer ! Et peut-être l’occasion d’entrer enfin en relation avec une civilisation qui continue à le fasciner…
Sans se préoccuper de la réalité terrestre, sa dynamique, son attraction, sa pesanteur,délivré de la matière organique, l’intention reste concentrée sur la forme et son interaction avec la lumière.Une autre vision de l’infidélité encéphalique.Pierre-Jean Liévaux, « Tirages numériques. Sculptures de l’impossible », Exposition de Chengdu 2016
Véritables sculptures vivantes.
Présentées tournant sur elles-même, la forme et les matériaux évoluent dans le temps, donnant à l’objet une vie qu’il ne cesse de recommencer
Sculptures de l’impossible, elles expriment la liberté des rêves du sculpteur avec ce média, pour qui toute représentation semble possible.Pierre-Jean Liévaux, « Sculpture Evolutive » – Plastic Utérin Interimaire, Exposition de Chengdu 2016
Contributeur : Bertrand Guidon
Intégration et SEO : Yvane Abiven
Illustration à la une et en corps d’article : « Tirages numériques. Sculptures de l’impossible. », exposés à Chengdu, ©Pierre-Jean Liévaux. De gauche à droite : Plastik 05, Plastic Utérin Intérimaire, Plastik 03, Vase Evanescent, Plastik 04
Vidéos numériques : « Sculpture Evolutive », Plastic Utérin Interimaire, Deux Pois ; « Abstraction Dynamique » Meet Liquid Lita Chow ; « Tableau Dynamique », Départ du Fils. © Pierre-Jean Liévaux, Exposition Chengdu 2016
Rédacteur en chef : Evelyne Ollivier-Lorphelin
Directeur de la publication : Yannick Morin, Président de France Chine International
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