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Epopée vers l’Inconnu à l’ exposition Exotic Stranger

Visite de l’ Exposition Exotic Stranger, à la galerie Paris-Beijing

Du 12 mars au 30 avril 2016, la galerie Paris-Beijing accueillait l’ Exposition Exotic Stranger, dont le commissaire n’était autre que Bao Dong, un des critiques d’art les plus influents de la scène artistique chinoise contemporaine. Une quinzaine de jeunes artistes exposaient leurs travaux interrogeant de manière plus ou moins explicite la notion « d’inconnu ». Qui est l’étranger, cet exotique inconnu vers lequel les œuvres paraissent nous guider ? Aujourd’hui, au cœur du débat, aussi bien en Europe qu’en Chine, la thématique identitaire était ici envisagée avec le regard neuf d’une nouvelle génération qui ne se contente pas de critiquer la société, mais plutôt d’interroger sa propre Histoire,  à travers des faits d’actualité.

Exposition Exotic Stranger :
une nouvelle proposition « hors normes » à la galerie Paris-Beijing

Ces dernières semaines, dans la vitrine de la galerie Paris-Beijing de la rue Turbigo à Paris, un énorme chameau empaillé au ventre rond observait les passants. Ceux-ci, tout d’abord étonnés, s’arrêtaient, ouvraient grands les yeux, souriaient. Les plus curieux osaient même pousser la porte pour se rapprocher de l’étrange animal. Ils se retrouvaient ainsi dans le monde exotique de Bao Dong.

Exposition Exotic Stranger : 
un titre lourd de sens pour l’art contemporain chinois

En janvier 2016, le commissaire Bao Dong, éminent critique d’art chinois, expliquait à propos du titre de l’ Exposition Exotic Stranger que dans les multiples sens du mot « stranger » qui désigne à la fois ce qui est « moins familier », mais également « un inconnu », cet « inconnu » peut faire référence aux quelques auteurs qu’il a analysés, mais aussi à lui-même. Ainsi, pour les artistes contemporains chinois, le dilemme identitaire existe à tous les niveaux. En effet, même si la scène artistique chinoise des dernières décennies a été très influencée par l’outre-mer, ses images culturelles, toujours unilatérales et dépassées, n’arrivent pas à s’affranchir d’une lecture basée sur des symboles orientaux et des symboles politiques. C’est pourquoi il a toujours été considéré comme autre. En bref, l’art contemporain chinois est à la fois considéré comme un étranger par l’Occident, dont il est néanmoins très influencé, mais également comme venant de l’extérieur par les locaux. Dans ce contexte, Bao Dong a réuni ces jeunes artistes qui s’efforcent de relier leur travail à l’expérience locale, tout en évitant de que cette territorialité ne réduise leurs œuvres à une sorte d’échantillon du multiculturalisme. Mais revenons plutôt à nos chameaux et découvrons ce qui se tramait dans cette galerie …

Exposition Exotic Stranger :
visite guidée dans la galerie Paris-Beijing

La première œuvre qui sautait aux yeux était celle de YANG Maoyuan, nommée Camel n°2. Depuis longtemps déjà, l’artiste porte un vif intérêt au thème sphérique, considéré comme symbole d’harmonie et représentation parfaite de la réalité dans les cultures orientales. Que faut-il comprendre à travers ces déformés que YANG Maoyuan met en scène, comme s’ils étaient gonflés, une longue inspiration avant de s’animer ? En effet, chaque être est différent de par son anatomie, comportement ou encore manière de se déplacer, pourtant tous ont besoin de cet air pour respirer. Là est bel et bien le lien qui nous définit de « l’inconnu ».

Nous continuions la visite, avec une œuvre bien plus provocatrice de Xu Zhen. Il s’agissait d’un assemblage de billets de 1 renminbi sous forme d’un char d’assaut. Cet artiste s’attaque souvent aux tabous socio-politiques tout en critiquant le marché lucratif de ce mouvement contemporain. En effet, les collectionneurs occidentaux sont particulièrement friands de ces œuvres polémiques, allant de provocation en provocation, et ce, toutes époques confondues. La surveillance restreinte et les censures que le gouvernement chinois met en place pour contenir les artistes en contradiction avec les mœurs du régime, augmente encore plus la valeur de leurs œuvres, si elles peuvent être vendues à l’étranger, notamment en occident. La rareté d’une chose en fait, en partie sa valeur. Xu Zhen aime donc critiquer cet « inconnu et interdit oriental » qui excite les marchés occidentaux. L’inconnu peut être perçu comme une forme d’exotisme en contradiction avec sa propre culture. De la même manière, il expose actuellement à la Fondation Louis Vuitton, sa sculpture Eternity dans l’exposition Bentu, une démultiplication de héros classiques grecs ainsi que New, une représentation de Guanyin, divinité bouddhiste, aux couleurs de l’arc en ciel. Ce sont les liens qu’entretiennent ces peuples avec ces représentations historiques qui l’intéresse, et en particulier le regard que peut porter une population sur la culture d’un autre, d’un inconnu.

« Eternity » (2014 – « The soldier of Marathon announcing victory, a wounded Galatian »), de Xu Zhen (MadeIn Company), à Fondation Louis Vuitton – Photo © Kevin Viel
« New » (2014 – Divinité Bouddhiste Guanyin), de Xu Zhen (MadeIn Company), à Fondation Louis Vuitton – Photo © Kevin Viel

Un peu plus loin, sur un mur, était exposée la série The flesh assimilates the World, de CHEN Xiaoyun. Ce sont des photographies de portraits imprimés un peu plus grands que naturels. Les trois personnages ont leur visage au niveau des yeux du visiteur, comme si ils semblaient l’attendre. Ce sont trois hommes ordinaires, pourtant dans des situations incongrues, bien inconnues. Ainsi, l’étrange, « l’inconnu » serait plutôt pour lui une situation que l’on ne connait pas et qu’il nous paraitrait absurde à imaginer se réaliser. Dans les œuvres de CHEN Xiaoyun, une ambiguïté naît souvent de l’association entre la nudité de ses sujets, en position de soumission, et d’un autre élément matériel caractérisant le labeur, l’effort, ou tout simplement l’image du quotidien. Un de ses personnage se retrouve avec une liasse de billet collée sur le front tandis qu’un autre parait se faire broyer entre deux ventilateurs. L’objet prend alors le dessus sur l’être.

Exposition Exotic Stranger :
une panoplie bien fournie de l’art contemporain chinois, mis à l’honneur par la galerie Paris-Beijing

La description de ces trois œuvres n’est qu’un aperçu de l’ Exposition Exotic Stranger, qui regroupait vingt-cinq œuvres originales, mais cela vous donne un aperçu des propositions présentées par la galerie PARIS-BEIJING au travers de ses expositions, plus originales les unes que les autres, appelant constamment à la réflexion sur le monde chinois. Nous attendons avec impatience l’exposition à suivre, car ce n’est pas un secret : la galerie PARIS-BEIJING nous réserve toujours de belles surprises.

Contributeur : Kevin Viel, membre de France Chine International à Paris
Intégration et SEO : Yvane Abiven, membre de France Chine International, commission stratégie/aménagement/communication
Photographie à la une : « Eternity », de Xu Zhen (MadeIn Company), à Fondation Louis Vuitton – Photo © Kevin Viel
Rédacteur en chef : Evelyne Ollivier-Lorphelin
Directeur de la publication : Yannick Morin, Président de France Chine International

Pour plus d’informations

www.galerieparisbeijing.com

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