Victor Segalen ou le fabuleux destin d’un breton
Victor Segalen (1878-1919), médecin, romancier, poète, ethnographe, archéologue et sinologue
Texte réalisé par Yannick Morin, Président de France Chine International
Dans le cadre de nos échanges avec les différentes associations, l’Association des Cadres Bretons, nous a sollicités pour répondre à trois grandes questions qui intéressent l’avenir de la Bretagne. L’une d’entre-elle pose la question suivante :
» quels grands personnages bretons ont joué un rôle de passeur, de pont interculturel entre la Chine et l’Europe ? »
Victor Segalen a participé à plusieurs missions en Chine de nature différente, à chaque fois ; son intérêt pour ce pays et sa culture a contribué à faire connaître cette grande civilisation, tout en s’efforçant de s’émanciper des influences et des préjugés de son temps. Ses dons infiniment variés lui ont permis d’avoir une lecture du Monde de l’époque et ce fût sans doute l’un des bretons ayant laissé de très nombreux écrits sur la Chine du début du XXème siècle.
Quel destin pour ce breton, Victor Segalen, né 1878 à Brest
qui était médecin, romancier, poète, ethnographe, archéologue et sinologue
Grâce à ses études à l’Ecole Principale du Service de Santé de la Marine, Victor Segalen commence ses périples hors de France, le premier fut en Polynésie en qualité médecin. Puis, ce fût la Chine, où il séjourna à trois reprises entre 1909 et 1917. Mais avant de partir, il suit des cours de chinois à l’école des langues orientales à Paris et au Collège de France sous la houlette du professeur Edouard Chavannes, puis auprès d’un chinois de Hankou.
Lors de sa première expédition en Chine, il participe à une mission humanitaire et médicale à Shanhaiguan pour combattre la peste. Il enseigne également la physiologie à l’impérial Medical College de Tianjin. Enfin, il soigne le fils du Président de la République, Yuan-Che-kai dans sa résidence d’été située dans la province du Hunan.
La deuxième expédition, mission archéologique, a été consacrée aux monuments funéraires de la dynastie des Hans, Victor Segalen parcourt alors plus de 6 000 km selon une diagonale du Nord-Est au Sud-Ouest à pied, par porteur, à cheval ou à dos de mule. L’intérêt manifeste pour la Chine et sa culture a fortement contribué à influencer son œuvre et à faire connaître cette grande civilisation, tout en s’efforçant de s’émanciper des influences et des préjugés de son temps.
En 1914, le début de la guerre éclate entre la France et l’Allemagne, il rejoint la France par la mer.
Mais en 1917, Victor Segalen retourne en Chine pour une troisième fois à la demande du Ministère de la Guerre, l’objectif était le recrutement de travailleurs chinois pour remplacer les ouvriers combattants sur le front. Il reste 15 mois. Parallèlement à ce travail, il continue d’écrire des poèmes et s’adonne aussi à de nouvelles recherches archéologiques.
Victor Segalen revient en mars 1918 et reprend son poste de médecin à l’hôpital militaire de Brest. Dès l’armistice, le 11 novembre 1918, il entame des démarches pour son projet d’Institut de sinologie à Pékin mais son état de santé très dégradé ne lui permettra d’aller jusqu’au bout de cette initiative. Il meurt le 23 mai 1919.
L’Etat français a inscrit son nom sur les murs du Panthéon en tant qu’écrivain, mort pour la France pendant la guerre de 1914-1918.
Victor Segalen avait des dons infiniment variés permettant d’avoir une compréhension des évènements de l’époque et surtout un apport vis à vis de la Chine sans commune mesure grâce à ses recherches archéologiques et ses rencontres. Victor Segalen considère que seul l’imaginaire, parachèvement du réel, permet d’accéder à la connaissance du monde : « on fit, comme toujours, un voyage au loin qui n’était qu’un voyage au fond de soi ».
Contributeur, photos à la une et Directeur de la publication : Yannick Morin, Président de France Chine International
Rédacteur en chef, Intégration et SEO : Evelyne Ollivier-Lorphelin
Note image à la une
Victor Segalen décide en 1914 d’organiser une mission archéologique dédiée aux tombeaux des Han. Il prend en photo le 16 février 1914 la face Nord du tumulus de l’empereur Qin Shi Huang. 50 ans avant la découverte du grand monument funéraire, Segalen avec son regard affuté, entreprit un relevé métrique du tumulus. Il savait qu’il appartenait à l’Empereur Qin Shi Huang mais il n’imaginait peut-être pas l’étendue de cette découverte.
La photographie du tumulus fait partie du fond Segalen conservé au Musée Guimet, musée des arts asiatiques.
Elle est disponible sur le site. Le tumulus est présenté par un court article qui revient sur la mission de Segalen, sa vie et son œuvre.